Les fantômes et les monstres

Christian Messier

Christian Messier expose au Le 36 un ensemble de six tableaux présentés debout dans l’espace transformé de la galerie. Des œuvres qui exaspèrent les limites et entraînent le regard dans les parages troubles du paradoxe.

Les fantômes sont les Amérindiens, les Inuits, Mozart, le poisson géant, le paysage, le gars en skateboard, etc. Les monstres sont les corps que les fantômes empruntent pour se manifester. Les fantômes sont des revenants malgré eux. Ils réapparaissent en se prenant à participer au jeu de leur propre monstration.

Ce phénomène, nous l’appelons la représentation. Les fantômes qui se re-manifestent, qui se re-montrent, sont déchirés entre le passé et le présent. Ils se re-présentent, c’est-à-dire qu’ils se présentent à nouveau. Une présentation est forcément une première rencontre. Alors, la re-présentation est le tour de force d’une deuxième rencontre avec un même qui se manifeste à nouveau pour la première fois.

La grande question de la représentation est celle d’un renouvellement de l’identité et peut-être même d’une crise. Les figures qui remplissent mes tableaux ne sont plus ce qu’elles étaient dans une autre vie, elles sont des revenants piégés dans un corps nouveau. Elles se montrent à nouveau, d’une manière singulière. Les revenants ne renvoient pas au passé, ils ont été exilés du passé pour se retrouver enchaînés dans un territoire présent et futur, dans un corps de monstre en mutation. Les fantômes n’ont pas l’âme en paix.

Communiqué

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